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La Chasse en Corse

16 mars 2005

LA CHASSE A Caccia dossier présenté par :

LA CHASSE

A Caccia

dossier présenté par :

Biaggioni Stéphane, Damien Nochieri et Laurent Geoffroy

professeurs :

Mme Villanova , professeure de sciences économiques et sociales

M Fini , professeur de philosophie

Problématique

Ce travail a été réaliser par

Biaggioni Stéphane,

Damien Nochieri

et Laurent Geoffroy

Sous la direction de

MONSIEUR FINI

ET MADEMOISELLE VILLANOVA

REMERCIEMENTS

Nous tenons tout spécialement a remercier les gens de l’office nationale de la chasse pour leurs gentillesses et pour les documents qu’ils nous ont fournis.

La relation entre l’homme et le monde animal

LA CHASSE

A Caccia

Remerciements

Histoire de la chasse……………………………………………………Page

A l’origine était la chasse 

Les premiers chasseurs corses

Les techniques de chasse au Néolithique

CHAPITRE I

L’ instauration du permis……………………………………………..Page

Les élections des chasseurs

-Une politique génoise du port d’arme

La politique de désarment de la France

Les peines encourues

Les animaux………………………………………………………….Page

Les purs et les croisés

La mise a mort

Le partage de la viande

La battue de Pacque

CHAPITRE II

Hommes territoires………………………………………………..Page

Braconniers ?

L’étranger provoque t-ils la généralisation d’un braconnage réactif ?

Une logique sportive

Les conflits entre bergers et chasseurs

Répartition des dégâts par espèces de gibier

Territoire et " religion "………………………………………………Page

Etat sauvage ou processus d’en sauvagement

Les rôles de la chasse

Les rapports de force

Est ce une activité ordinaire, une fête, un rite ?

Pourquoi chasse t’on ?

A quoi sert la chasse dans une société ?

Est ce naturelle ?

Pourquoi est ce un évènement médiatique ?

Une éthique, un respect

Est ce la fin du sauvage ? Ou le commencement ? Ou alors la continuité ?

CHAPITRE III

Un commerce généralisé……………………………………………..Page

Activité rémunérée (complément a d’autre activité)

Peut on parler de chasse commerciale aujourd’hui ? (Ou professionnelle ou culturelle)

Est ce une activité contesté ?………………………………………….Page

La chasse est devenue enjeu de luttes

" La chasse c’est naturel " ? (Écologiste… et traditionnel)

La chasse est ce vraiment une nécessité écologique ?

Début de la SPA

Pourquoi tuer ?

Tant de conflit avec les bergers et les agriculteurs

Les touristes provoque t’ils la généralisation d’un braconnage réactif

CONCLUSION

Aujourd’hui ?………………….………………………………………Page

Peut on parler d’intensification de la pratique ?

L’éthique et le respect

Est ce vraiment la fin du sauvage ?

Annexe ………………………………..………………………….………………….Page

Bibliographie…………………………………………………………………………Page

Histoire de la chasse

La chasse a une histoire, les animaux aussi. Certains ont disparu, le cerf par exemple, d’autres sont arrivés il y a peu.

Parmi les chasses, toutes ne sont pas traditionnelles et certaines qui apparaissent comme telles sont en réalité d’origine récente.

Dans ce premier chapitre il est question de l’évolution et de la pratique de la chasse.

A l’origine était la chasse

La relation qu’instaure la chasse entre l’homme et le monde animal s’enracine très loin dans le temps, aux origines prédatrices de notre espèce. Il importe donc de l’envisager depuis ces temps sans écriture qu’on qualifie de Préhistoire et que seule l’archéologie peut documenter.

Acquise dès avant l’émergence de l’Homme moderne, l’insularité de la Corse a pesé et pèse fortement sur la chasse dans l’île en modifiant le peuplement animal, donc le gibier. C’est là sa principale originalité depuis la fin du Pléistocène (- 12 000 ans).

Les premiers chasseurs corses

les premières traces de chasseurs connues à ce jour en Corse et en Sardaigne remontent toutes à une période située entre 10 000 et 12 000 ans.

En Sardaigne, un seul site témoigne de ces populations prénéolithiques.

En Corse, quatre ou cinq sites archéologiques permettent à ce jour d’évoquer cette phase initiale de la colonisation humaine de l’île. Comme en témoigne la célèbre sépulture de la " Dame de Bonifacio ", conservé au Musée de Levi, ces groupes humains prénéolithiques enterraient leurs morts sur l’île.

Pour l’instant on sait peu de choses de ces groupes de chasseurs. Ils ne fabriquaient pas de poteries, ni ne pratiquaient l’élevage ou l’agriculture.

Les techniques de chasse au Néolithique

Les techniques de poursuite et de capture du grand gibier (affût, battue…) et du petit (chasse, piégeage) qui ne laissent aucune trace matérielle enfouie dans le sol, restent pour l’essentiel hors de portée de l’archéologie. La découverte d’armatures de flèches en pierre fichées dans des os est informative, mais elle reste exceptionnelle, et aucun cas de ce genre n’a encore été répertorié en Corse. En revanche, l’archéologie apporte d’autres informations.

Comme partout en Europe occidentale, les premières armatures de flèches, au Néolithique ancien, étaient de petits éléments lithiques dont la partie pénétrante était constituée par un tranchant.

Dans le courant du IVe millénaire, avec les cultures du Néolithique moyen, les armatures tranchantes sont rapidement remplacées par des armatures perçantes et l’obsidienne d’origine sarde prend une plus large place. A ce moment, alors que la première industrie métallurgique corse (cuivre) est sur le point de naître, les armatures de flèche sont les pièces les plus soignées de l’industrie lithique. Les soins apportés au façonnage de ces pièces, révèle un perfectionnement de l’armement. La faible importance économique de la chasse à cette époque pourrait indiquer que cet armement n’a plus tant une fonction cynégétique que guerrière.

L’instauration du permis

On sait que la défaite des Corses, à la fin de la Guerre de Sampiero (1564-1569), a eu de considérables effets sur le gouvernement de la Sérénissime dans l’île.

Les élections de chasseurs

-une politique génoise du port d’armes ?

La lecture des intentions de la Sérénissime apparaît désormais relativement claire. Elle est en fiat comme intention corollaire de substituer aux anciens rapports qui faisaient encore la part trop belle aux féodaux et aux Caporaux, de nouvelles relations récompensent l’attachement direct des individus a l’Etat. Aussi le privilèges se trouvent ils désormais liés. Le plus généreusement octroyé parmi ceux-ci est la licence de détention ou de port d’armes, lequel a le grand avantage sur les autres (exemptions fiscales, places ou pensions), de ne rien coûter à la République. Or, qui dit privilège pour certains, sous entend par récurrence prohibition absolue pour les autres. Cette politique de gratification sera donc liée à la législation, qui se voudrait drastique, que les Génois essaient d’imposer des l’île en matière de port d’armes.

En fait, le désarment des populations restera à l’état de vœu pieux. Car, dans le même temps, la nécessité de défense de l’île s’agrandit. La Corse vit dans la crainte permanente des descentes turques. Celle-ci sont continuelles depuis les années 1530. Elles redoublent avec la " première prospérité d’Alger et les Guerres de Corse. Les turcs y sont les alliés des Français, et utilisent l’île comme base de départ pour leurs opérations. La guerre, de plus, a désorganisé les défenses et ruiné le pays. Une série de mauvaises années rend la vie encore plus précaire. D’ailleurs, à un moment critique de la piraterie turque, c’est un faisceau de raisons que les habitants de Sisco et de Pietra Corbora mettent en avant pour demander la construction de tours côtières aux autorités : " (les habitants de ces villages) ont subi de si grave dommages du fiat de la guerre passé, et aussi des mauvaises années, qu’ils ne savent plus comment vivre, et de plus, les Turcs viennent quotidiennement à leurs maisons… "la sécurité des populations aurait pu passer par une augmentation massive des effectifs génois. La Sérénissime s’y refusa pour des raisons à la fois politique et économique. Aussi est elle réduite constamment à trouver des accommodements. Elle peut offrir dans un premier temps, nous l’avons vu, des ports d’armes aux ruraux ou urbains.

Dans certaines régions plus exposées, mais aussi plus évoluées économiquement, comme la Balagne ou le Cap Corse qui connaissent des razzias spectaculaires des les années 1560-1580, les maisons fortes sont rapidement rebâties et leurs possesseurs reçoivent dans le même temps des détentions souvent pour plusieurs armes. Mais même très généreusement distribués, ces permis sont trop longs à acquérir et leur nombre est notoirement insuffisant pour les besoins de l’île en matière de sécurité. Dès l’annonce de la fin du conflit et leur pardon obtenu , les communautés délèguent leurs podestats ou leurs procurateurs chargés de réclamer, tout à la fois la clémence de la République et la détention d’un petit nombre d’arquebuses (armes). Les motifs invoqués peuvent se ranger dans deux catégories :

  • la chasse aux animaux sauvage, accusés de tuer du bétail ou de " causer des dommages à leur plantations " et la chasse au bétail errant.
  • La défense des communautés contre le péril turc

Peu de temps après, le Sérénissime institutionnalise cette décision en répondant favorablement à une série de desiderata des Nobles XII, alors représentants des populations de toute l’île, parmi lesquels on trouve la demande d’armer une ou plusieurs personnes dans chaque communauté pour exterminer les bêtes sauvages et défendre les populations contre les Turcs. Ces demandes, aboutissent à un résultat identique : la création de chasseurs communautaires.

La politique de désarment de la France

L’ennemi de la chasse en Corse, c’est la politique de désarmement de Gêne puis de la France. La pratique de la chasse est en effet continuellement contrariée par les variations de la législation visant à réglementer la détention et le port de l’arme.

Désarmer fut un souci constant pour les autorités. Ces gens qui ne renonçaient à une révolte que pour préparer la suivante, ou qui s’exterminaient en d’interminable " vendetta " devaient être privée d’armes. Il en allait de la sécurité publique et de l’autorité de l’Etat. Le voyageur de retour de l’île racontait que les hommes, là bas, se promenaient armés. Etaient ils tous chasseurs ?

Remarquons que l’usage du port de l’arme persiste aujourd’hui, et que la question du désarmement n’est pas réglée puisque l’administration continue d’en faire un de ses objectifs.

Géne puis la France travaillèrent donc, souvent en employant des moyens radicaux, à interdire ou du moins contrôler le port d’arme. Ainsi, en 1738, Gêne déclare : " dès lors que la législation de cet usage privé des armes est incompatible avec l’essence même de l’Etat, le fiat de tolérer qu’ils les conservent, alors qu’ils continuent, après deux révoltes amnistiées, à indisposer leur maître, n’est pas contraire à l’objet essentiel et à la base fondamentale et durable de ces peuples à l’obéissance de leur prince.. "

En 1763, le chef de l’Etat corse indépendant, Pascal Paoli, doit lui-même se résoudre à interdire le port de l’arme dans les provinces de la Rocca.

En 1764, les Français, par la plume du Comte de Vaux, ordonnent  " la défense du port d’armes à feu en Corse sous peine de mort ".

En 1769, un autre édit ajoute à l’interdiction du port d’arme celle de la détention de toute arme de guerre comme de chasse. On est alors au plus fort de la guerre entre Corses et Français.

Sous l’empire, Morand instaure un permis de détention d’armes de chasse ; et par là, établit une distinction entre armes de guerre et armes de chasse. On peut considérer que le port de l’arme fut, et reste encore, un élément de définition de la norme de comportement masculin. Dans cette société où la violence était l’affaire de tous et de chacun, un homme valait un fusil. Vendetta, banditisme, rébellion, guerres internes et contre l’extérieur, la violence imposait comme règle le port de l’arme. Chacun avait ses ennemis, chaque famille pouvait être impliquée même indirectement dans une vendetta, et voyager désarmé c’était pour un homme se priver de la possibilité de défendre sa peau, de se " garder ". Ainsi, nombreux étaient ceux parmi les porteurs de fusil rencontrés par les voyageurs qui ne se préoccupaient guère de gibier mais qui simplement allaient à leurs affaires. L’honneur exige des hommes qu’ils soient armés. " Pendant longtemps, le fusil a été, et il est encore, pour la majorité des hommes, un objet, non pas de luxe mais de première nécessité ".

Les peines encourues

Enfin les " faux en écritures publiques et authentiques, détournement de derniers publics, compris tentative de corruption et abus de confiance méritent aussi les travaux forcés à perpétuité ". C’est ce qu’a décidé la Cour d’Assises de Perpignan, le 23 avril 1857.

Les délits de chasse proprement dits sont généralement punis de prison, assortie parfois d’amendes, plus ou moins conséquentes, et bien souvent de la confiscation du fusil. Dans certains cas l’amende suffit à la punition. Généralement les peines n’excèdent pas deux mois d’emprisonnement.

Un document conservé aux archives départementales de la Corse du Sud mais presque illisible, revêt néanmoins une grande importance. Il date du 3 novembre 1866 et a été écrit à Bastia. Les premières lignes, presque entièrement effacées font état de la rareté du gibier et semblent souligner que la loi " n’a que de très faibles résultats ". Et il dénoncé " la spéculation que l’on fait maintenant sur les produits de chasse ", précisant que " l’on extirpe, à la fois, et les produits et les producteurs, au moyen d’engins meurtriers et terribles ".

Les animaux

Les purs et les croisés

On peut affirmer que le sanglier est répandu dans toute la Corse, aussi bien en plaine qu’en altitude. Les seules régions où il semble exclu sont le pourtour immédiat des grosses agglomérations urbaines et les zones démaquisées de culture intensive (plaine Orientale essentiellement. On peut simplement estimer très prudemment que les 10 à 1 000 animaux abattus dans l’île pendant la saison de chasse 80-81 (Office National de la Chasse, 1982) représentent le tiers de la population globale, ce qui nous donnerait entre 30 et 33 000 sangliers, soit une densité moyenne de 3 à 5 animaux/100 ha…

La Corse, toutefois, présente un véritable exemple de flux génétique entre animaux domestiques et animaux sauvages…

Deux hypothèses peuvent êtres émises actuellement sur l’origine du sanglier corse :

  1. l’hypothèse du marronnage, déjà émise pour le mouflon (Ovis ammon musimon) par Poplin (1979), qui ferait des premier porcs domestiqués, importés lors du peuplement de l’île, les ancêtres de l’actuelle forme sauvage.
  2. L’hypothèse d’un peuplement original peut être d’origine pléistocène et dont les représentants actuels pourraient être regroupés dans la sous-espèce (Sus scrofa meridionalis), proposée par Major (1882)

Double pollution génétique et pression de chasse, telle sont les deux composantes de la menace qui pèse sur le sanglier corse. Son importance aussi bien biologique que cynégétique mérite qu’on s’attache, dès à présent à lui prévoir un avenir.

La mise a mort

" Le sanglier ne reçut pas moins de vingt-six coups de fusil avant que les chaînes des paysans puissent s’approcher de lui ; quel spectacle magnifique ce fut ensuite de voir la bête traverser le ruisseau, portant un énorme chien, tandis que les autres s’agrippaient à ses flancs avec une féroce ténacité. Ils luttèrent longtemps dans une eau à présent rouge sang, le sanglier toujours en dessous, les chiens refusant de lâcher prise, comme le vieil homme de la mer agrippé aux épaules de Sinbad. "

Dans ce cas ci la violence peut elle avoir raison ? L’atteinte à l’homme sur ce spectacle de " destruction " partielle ou totale lui est tenue pour lui comme objet en accord avec la raison. Ceci est de l’ordre de l’explosion, si l’on tient compte de la réalité du spectacle. Ici quelque chose se d défait : on porte atteinte à l’intégrité physique de l’autre, en l’occurrence a un sanglier, on le frappe et le destin de cette violence est la mort, la destruction totale. La violence est posée par certains comme étant à l’origine et au principe du monde, comme moteur du devenir, pour que quelque chose soit, puisque rien ne naît de rien, quelque chose doit être nié, détruit…

Le partage de la viande

Les premiers gestes du chasseur sur le corps du sanglier ont pour but d’en expulser les substances. La viande du sanglier male est réputée forte ; on préférera une laie. Pour expulser le sauvage de la bête, on coupe d’abord les organes où il est produit, puis on répand le sang où il stagne, enfin on fiat suer la viande où il se diffuse.

Grâce à l’automobile, il est possible aujourd’hui de transporter la bête très vite au village et de procéder à la découpe et au partage en un endroit que l’on aménage et où l’on prend ces habitudes.

La battue de Pâques

A Pâques on organise un peu partout une battue au sanglier. Mais d’une région à l’autre la chasse s’intègre de façon différente au rituel religieux. A Casalabriva  " la semaine Sainte nous chassions durant trois jours : le Jeudi, le Vendredi et le Samedi jusqu’à midi. Et après la chasse nous faisions un tir à la cible ". Ailleurs dans le Sud, on a noté que l’on chassait toute la semaine, en montagne. A Zonza et à Conca les chasseurs traquaient le mouflon de préférence au sanglier, et leur battue durait plusieurs jours.

A Ventiseri, au contraire, on ne devait pas chasser durant toute la semaine, jusqu’au Samedi. Ce jour là, à midi, lorsque les cloches sonnaient, annonçant la résurrection, on lâchait les chiens et la chasse commençait.

Hommes Territoires

Qu’y a t il de commun entre le solitaire et l’homme d’équipe, entre le piégeur de merles et le tireur de bécasses, entre celui qui attend le sanglier la nuit près d’une eau qui poursuit le mouflon dans la montagne ? Et puis il y a les anciens et les modernes, ceux qui célèbrent la tradition et ceux qui militent pour la transformation. Dans ce chapitre nous parlerons des hommes chasseurs, de leurs façons de se comporter, de s’organiser. Leurs conflits portent souvent sur le territoire. Car la chasse c’est peut être avant tout une affaire de territoire et de limites. Ou bien alors est ce d’abord la confrontation avec le sauvage, ce monde de l’au delà que les mazzeri chasseurs d’âmes visitent pour nous.

" Pas légal, mais presque "

Le braconnage

" On abusait un petit peu "

Disons d’abord que dans la région du Nebbiu, l’acception principale du mot braconnage conjugue un principe indigène, qui distingue entre la chasse désintéressée et le prélèvement à des fins commerciales, avec un facteur exogène : l’existence d’une interdiction imposée par l’Etat . Ce deuxième facteur ne justifie pas à lui seul l’emploi du terme en question, dans le sens, quoique prohibé par la loi, ne rentre pas dans la catégorie sauf lorsque la proie est expressément destinée à la vente. Il n’y a pas de quoi s’étonner si, dans le discours courant, le verbe " braconnier " indique avant tout la pratique dont le but lucratif est plus manifeste et l’activité répressive, quoique modeste, plus systématique.

L’usage courant du terme " braconnier " présente une connotation psychologique assez prononcée : pour juger du caractère d’une prise, on ne regarde pas l’acte en soi, mais plutôt les motivations qui l’on inspiré. Conforme a cette logique, mais plus lié à des considérations d’ordre moral, est le " principe de modération " : le chasseur agit en braconnier lorsqu’il de livre à des prélèvement immodérés. En revanche, un prélèvement modeste, illégal, ne rentre pas dans la catégorie, ou mieux, il se situe dans une position intermédiaire : ou celle du " pas légal mais presque ".

Les touristes

Non seulement l’étranger provoque la généralisation d’un braconnage réactif, pour ainsi le nommer (au sens où c’est justement lui qui a commencé), mais en tant que touriste consommateur il encourage le prélèvement de gibier à des fins lucratives, en créant un marché là où, au paravant, il n’y avait qu’une utilisation privée.

Il va sans dire que la réponse aux " massacre " attribués aux étrangers contient des valeurs identitaires très prononcées. Le braconnage indigène, de ce point de vue, ne constituerait au fond qu’une forme d’autodéfense, une intervention préventive inspirée du raisonnement suivant : " si quelqu’un a le droit de détruire les ressources locales, c’est bien nous et personne d’autres ". dans tout braconnier se cacherait un défenseur du territoire, un héros ethnique qui veille à assurer aux biens insulaires une destinée exclusivement corse, un combattant prêt à détruire ses propres richesses pour éviter qu’elles ne tombent dans les mains de l’ennemi. Son action équivaudrait à les principes qui inspiraient la mythique Terra di u cumunu (donc la liberté de prélèvement et de mouvement…) contre les vues monopolisatrices des nouveau venus.

La logique sportive comme incitation à la destruction du gibier

Ce phénomène mérite quelques considérations supplémentaires. N Elias et E Dunning, ont repéré dans l’idéologie sportive, qui s’est diffusé parallèlement aux règles du jeu parlementaire, un principe régulateur capable de freiner les incontinences ludiques de l’homme pré moderne. Le chasse, telle qu’elle apparaît dans l’Angleterre du XVIIIe siècle (chasse stylisée, désintéressée,  " sportive ") est présentée comme un exemple du passage de la démesure d’autrefois à la sobriété d’aujourd’hui (de la violence incontrôlé au respect pour les règles du jeu, l’autodiscipline, la modération).

En réalité, l’application de la logique sportive à une pratique traditionnelle, centrée, nous le répétons, moins sur la compétition entre les hommes que sur la confrontation homme animal, finit ici par obtenir l’effet opposé, en déclenchant artificiellement une sorte de boulimie cynégétique qui oblige les partenaires à la surenchère.

Que l’esprit sportif appliqué à la chasse ait pour effet d’exacerber le braconnage, est un point de vue que même les organismes cynégétiques, quoique d’une façon hésitante, commencent à partager. Si en effet, dans la plupart des cas, le concept de " chasse sportive " est encore employé pour justifier et ennoblir le prélèvement, dans le bulletin n°XI de la Fédération Départementale des Chasseurs de Haute Corse nous pouvons lire :

" si la chasse, dans des temps reculés, était nécessaire à l’homme pour se nourrir et survivre, elle doit être considérée de nos jours comme un loisir, un délassement et non comme un sport. Je précise que dès qu’il s’agit d’un sport, il y a compétition, et de ce fait performance dans le tableau. Il nous faut donc, coûte que coûte, modérer nos prélèvement afin de laisser un maximum de géniteurs pour la saison suivante ".

Du maquis et des hommes

Bergers et chasseurs

Entre bergers et chasseurs, les conflits se multiplient. Le retrait de l’agriculture a libéré un vaste espace convoité par deux activités en quête permanente de terrains, et la lutte pour son appropriation tend à déterminer le rapport entre ces deux groupes d’utilisateurs du maquis.

Les bergers se plaignent des incursions fréquente des chasseurs sur leur territoire, les accusent de repousser sans cesse leur bornes, de ne plus connaître d’endroit protégés : " les chasseurs sont plus nombreux. Ils chassent davantage et ne connaissent plus ou ne respectent plus les limites ". ce qu’ils redoutent le plus c’est la battues et son déploiement de force. Coups de feu, cris, aboiements dispersent les troupeaux. Et puis il arrive que des chiens perdus s’ensauvagent au point d’attaquer les bêtes. Alors parfois un berger excédé provoque la dispute.

Chasseurs et agriculteurs

Comme les bergers, les agriculteurs témoignent, vis-à-vis des " chasseurs modernes ", d’une certaine animosité. Il reproche aux chasseurs un exercice trop intensif, mais surtout leurs intrusions sur le domaine agricole qui révèlent  " un manque de respect pour le travail "

. et de rappeler un " avant " où la chasse se déployai autour des cultures, prête à intervenir pour protéger la vigne, le verger, le champ de céréales. Aucun lieu n’était interdit au chasseur, mais la circulation ou même la quête de gibier sur la cultivé de faisait avec le souci de ne pas occasionner de dégâts.

Chasseur, l’agriculteur l’était par force, pour protéger son bien. Mais il était aussi pour son plaisir.

Répartition des dégâts par espèces de gibier

(Statistique 2000)

Répartition des dégâts par culture

(Statistique 2000)

Chasse, territoire et religion

Etat sauvage ou processus d’en sauvagement

Dans la période d’entre les deux guerres, la " destruction d’animaux domestiques devenus dangereux et malfaisants " a donné lieu à de multiples controverses entre l’Administration, servie par les préfets, et les villageois, représentés par leurs maires. Or, les propos tenus par ces derniers expriment clairement deux conceptions différentes d’un état sauvage considéré comme l’aboutissement d’un processus d’ensauvagement. A l’origine de cette polémique : des divergences d’opinion quant au statut à accorder aux animaux domestiques que des comportements brusquement modifiés situent en rupture avec leur environnement habituel, motivant chez les habitants des réactions de défense et de protection. Ces animaux considérés comme " ensauvagés " sont associés par les villageois aux bêtes sauvages. Ces animaux qui, pour certains, sont passés de la relation la plus familière à l’agression la plus violente, font parfois preuve d’une habilité jugée quasi diabolique.

Aussi, la spécificité de la nature sauvage du sanglier, c'est-à-dire la façon dont est conçu le rapport sauvage/domestique à travers cette espèce et ses différents avatars. En effet, les chèvres ensauvagées habitent les montagnes sans être autochtones ; elles ont changé d’espace et de comportement mais ne sont pas liées par un lien organique à leur environnement comme les sangliers. Sangliers et cochon sont, les uns comme les autres, des produits de leur environnement et, dans ce cas, la coexistence de deux variantes, sauvages et domestiques, d’une même espèce, possède de toutes autres implications écologiques, exprimant à la fois une différence de nature entre les deux univers et un lien continu de l’un à l’autre. C’est cette différence et ce lien que les hommes, dans leurs fonctions d’éleveurs comme par leurs actes de chasse, s’efforcent de maîtriser.

Les rôles de la chasse

A chaque sangliers sa chasse : alors qu’une chasse solitaire héroïque est offerte au vrai sanglier sauvage, c’est une chasse moins élitiste que l’on réserve à son homologue bâtard, une chasse de battue qui rassemble les chasseurs dans le but d’encercler, de forcer et de tuer les sangliers en grand nombre.

Ce mode de chasse obéit au principe général de la chasse au tir qui décompose l’action en deux phases, auxquelles correspondent deux rôles distincts : les mise en mouvement du gibier, c’est le rôle des rabatteurs et des chiens et sa misa à mort, c’est le rôle des tireurs postés, les " tueurs ". cette séparation pourrait être justifiée par la complémentarité des deux fonctions, fondant l’unité du groupe dans l’action ; mais en fiat, cette complémentarité, effective aussi dans la chasse individuelle (entre un chasseur et son chien), ne fiat que rendre possible une pratique collective sans en constituer un caractère propre. Il faut chercher ailleurs une explication à cette prescription, l’une des plus respectées de la chasse au sanglier.

L’ethnographie des société exotiques a identifié depuis longtemps le rôle de traqueur comme un rôle " d’auxiliaire de chasse ", destiné aussi bien à mener le chasseur au gibier, dont les chiens ont connaissance, qu’à le protéger d’une éventuelle action vengeresse de la part de l’âme de l’animal tué. Mais qu’en est il d’une telle médiation dans un contexte différent ?

En Corse, les chasseurs ne craignent pas que leur personne soit soudain saisie, d’une façon ou d’une autre, par l’âme du gibier mort ; mais, distinguer la fonction de mise à mort de celle de la traque et réserver celle-ci aux chiens, c’est aussi, bien qu’en d’autres termes, affirmer cette double nécessité : participer à la nature animale du gibier pour s’y identifier et s’en d démarquer pour le mettre à mort. C’est dissocier l’animalité de la violence et faire de l’acte de tuer un acte humain.

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16 mars 2005

Année 2004-2005 Classe de Terminale E.S Thème :

Année 2004-2005

Classe de Terminale E.S

Thème : Coutumes et religions

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La Chasse en Corse
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